De la rue aux cuisines d'un restaurant. Sans-abri il y a encore trois semaines, Stefano Gatti, 55 ans, enchante aujourd'hui, avec ses pizzas et autres antipasti, les papilles des fidèles du Pavillon Augustin, à Courbevoie, où il a aussi retrouvé un logement.
Ce spectaculaire rebond, Stefano le doit d'abord à une célèbre gardienne de la paix : la médiatique déléguée syndicale Linda Kebbab. Car la porte-parole d'Unité-SGP-FO ne plaide pas seulement la cause des forces de l'ordre. Une fois l'uniforme remisé, la policière effectue aussi des maraudes auprès des plus démunis de Paris.
Il dormait sous la devanture d’un restaurant à Paris
« C'est au cours de l'une d'elles que j'ai croisé la route de Stefano, glisse-t-elle. Il dormait sous la devanture d'un restaurant du IIIe arrondissement, fermé depuis le confinement. Et le courant est tout de suite passé entre nous. Dans la rue, certains sont fuyants, évitent le contact. Pas Stefano. »
Chez ce sans-abri au sourire radieux, Linda Kebbab dit au contraire avoir senti l'envie de s'en sortir. Elle comprend surtout que l'homme a de l'or au bout des doigts. Un talent que Stefano Galli, véritable globe-trotter au passé d'artiste, a longtemps mis au service de la chaîne d'hôtels Melia, en Espagne, au Maroc, en Amérique du Sud et à Cuba.
« Il a un parcours incroyable, parle quatre langues, insiste la porte-parole d'Unité-SGP-FO. Il m'a expliqué avoir perdu son emploi et son logement au tout début de la crise sanitaire et j'ai décidé d'essayer de lui donner un petit coup de pouce. »
Invité sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin
Linda Kebbab dégaine alors son smartphone. Sur le réseau social Twitter, la gardienne de la paix aux 30 000 abonnés lance un appel à la solidarité. Et l'effet est immédiat. Le populaire Jean-Jacques Bourdin l'invite, avec son protégé, sur RMC, pour relayer l'appel sur les ondes.
Sur le plateau de l'émission, Stefano retrace avec pudeur son itinéraire hors-norme, la perte de son emploi et ses nuits passées sur des cartons, en plein confinement. « Après ça, on m'a appelé de toute la France, sourit le volubile Italien. On m'offrait du travail en Bretagne, à Montpellier, absolument partout. »
De quoi oublier ses trois mois de galère à la rue, la solitude, les kilomètres parcourus à pied, chaque jour, pour aller se doucher le matin du côté d'Oberkampf et profiter, le soir, des distributions alimentaires à deux pas de la gare d'Austerlitz. « Pendant tout ce temps, j'ai essayé de rester digne, propre, confie-t-il. Mais jamais je n'ai demandé d'argent aux gens. Tout ce que je souhaitais, c'était retrouver du travail en cuisine, pas vivre de l'assistanat… »
«Avec Stefano, je sais avoir avec moi un guerrier»
Un message reçu cinq sur cinq par Samy, le sympathique propriétaire du Pavillon Augustin, restaurant ouvert il y a cinq ans sur les bords de Seine avec le soutien de la ville de Courbevoie. « Quand j'ai vu l'appel sur Twitter, j'étais dans mon lit, il était trois heures du matin et je me suis dit que c'était un signe du destin… » se marre-t-il.
D'abord parce que les deux hommes se connaissent pour s'être croisés, il y a plusieurs années, à la Trattoria, une pizzeria de Levallois-Perret où Stefano s'activait derrière les fourneaux. Ensuite parce que le Pavillon Augustin, qui entend développer ses activités, cherchait justement un cuisinier depuis trois semaines.
« Disons qu'on fait évoluer le concept, poursuit Samy. On a commencé par un café bagel-shop et là, on développe le côté restauration. Et avec Stefano, je sais avoir avec moi un guerrier et un super cuisinier. On a de gros projets. »
July 15, 2020 at 05:53PM
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L'incroyable rebond de Stefano, de la rue aux cuisines d'un restaurant à Courbevoie - Le Parisien
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