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Mali. L’opposition dans la rue en soutien aux putschistes - L'Humanité

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Les Maliens engagés depuis plusieurs semaines dans les manifestations réclamant la chute du président démocratiquement élu Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) ont prévu d’investir à nouveau la rue aujourd’hui à Bamako, à l’appel du mouvement M5-RFP, une coalition hétéroclite d’opposants mêlant d’anciens dignitaires du régime éconduits, ultralibéraux, hommes d’affaires, militants estampillés de gauche et fidèles de l’imam Mahmoud Dicko, influent salafiste formé en Arabie saoudite. La participation massive de ces derniers, pourtant fers de lance de la mobilisation anti-IBK, demeure cependant incertaine.

Selon le Comité national pour le salut du peuple (CNSP), l’organe politico-militaire représentant les putschistes provisoirement maîtres du Mali, l’imam Dicko aurait déclaré « sa mission terminée », expliquant qu’il souhaitait désormais « continuer à diriger les prières à la mosquée ». Minoritaires et eux-mêmes divisés, les membres du M5-RFP entendent faire fructifier un coup d’État visiblement minutieusement préparé, et réussi sans grandes effusions de sang, même si de très nombreux pillages et des violences ont été rapportés à Bamako. « Le Comité demande l’arrêt immédiat des actes de vandalisme et de destruction des édifices publics », a déclaré le colonel-major Ismaël Wagué, porte-parole de la junte, qui réfute le bilan de quatre morts rapporté par des sources hospitalières maliennes.

Pour le M5-RFP, qui s’est publiquement félicité d’un coup d’État « parachevant » sa lutte pour la chute d’IBK, il s’agit de réaliser une démonstration de force dans les rues de Bamako et de s’imposer comme un interlocuteur politique incontournable afin de peser dans la transition, le CNSP s’étant engagé à organiser rapidement des élections « libres et transparentes » pour revenir à la légalité constitutionnelle.

Mais le temps presse. Le coup de force des militaires, justifié comme tous les putschs par la nécessaire sauvegarde de la patrie en danger, a été condamné par les États-Unis, la France, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), l’Union africaine et les Nations unies. La Côte d’Ivoire, dont le premier ministre, Hamed Bakayoko, entretenait des liens étroits avec Karim Keïta, influent fils d’IBK, a fermé ses frontières avec le Mali, l’ensemble des pays de la Cédéao annonçant des mesures de représailles diplomatiques et économiques. Hier, un sommet extraordinaire de cette même Cédéao était inauguré en ces termes par le président nigérien, Mahamadou Issoufou : « Nous avons donc devant nous une situation grave dont les conséquences sécuritaires sur notre région et sur le Mali sont évidentes (…). Elle nous montre le chemin qui reste à parcourir pour la mise en place d’institutions démocratiques fortes dans notre espace. C’est le lieu de rappeler qu’en 2012 un autre coup d’État (à Bamako – NDLR) avait permis aux organisations terroristes et criminelles d’occuper pendant plusieurs semaines les deux tiers du territoire malien. »

Soutenu dans l’ombre par de haut gradés de l’armée malienne, le coup d’État a désormais un visage officiel, celui du colonel Assimi Goita, qui se présente comme le nouvel homme fort à Bamako, occupant le poste de président du Comité national pour le salut du peuple (CNSP). Lequel n’avait, à l’heure où nous bouclions ces lignes, toujours pas relâché ni l’ex-président Ibrahim Boubacar Keïta, ni les autres membres du gouvernement mis aux arrêts.

Selon nos informations, IBK s’était rendu de son plein gré au camp militaire de Kati, point de départ de la « mutinerie » déclenchée mardi matin, afin de tenter une négociation avec la frange de l’armée décidée à le renverser. Avant d’être contraint à intervenir à la télévision malienne pour annoncer lui-même son départ du pouvoir, puis d’être officiellement mis aux arrêts. En attendant le résultat des négociations entre la junte au pouvoir, la Cédéao, la France et la Minusma, qui occupent toujours militairement le Mali via l’opération « Barkhane », le CNSP tente de rassurer la population et de remettre en place les mécanismes de fonctionnement de l’administration.

Marc de Miramon




August 21, 2020 at 12:30AM
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