On pensait la mode des pin’s définitivement révolue. La start-up californienne Hu.ma.ne pourrait bien la relancer en lui instillant tout ce que les nouvelles technologies proposent de meilleur aujourd’hui. Créée en 2017 par, notamment, une demi-douzaine d’anciens employés et ingénieurs d’Apple, l’entreprise commercialise à partir de ce jeudi et à un tarif de 700 dollars l’AI Pin, un badge à clipser au revers du col d’une veste promettant de devenir un assistant virtuel aussi indispensable que notre smartphone… mais beaucoup plus discret.
L’appareil, présenté dans une vidéo d’une dizaine de minutes, est un boîtier carré de moins de 2 cm d’épaisseur et de près de 5 cm de côté. À la partie avant, qui dissimule un micro-ordinateur, s’aimante par l’arrière un booster de batterie (pour une autonomie d’une journée), ce qui permet de fixer le tout à travers les mailles d’un vêtement. Une fois opérationnel, l’AI Pin réagit à la voix de son maître, ou à ses doigts via son pavé tactile. Il peut ainsi prendre des photos ou répondre, après avoir été « réveillé » à la voix, à n’importe quelle recherche sur le Web. Et ce de manière quasi instantanée, à en croire ses performances affichées en ligne.
Il peut également jouer les interprètes lors d’une conversation en face-à-face, et fait office, bien évidemment, de téléphone : dépourvu d’écran, il projettera sur la paume de votre main le nom d’un correspondant qui cherche à vous joindre. Une légère inclinaison de la main permet ensuite de sélectionner une touche virtuelle, et un pincement de doigt signifie qu’on valide l’action choisie, répondre ou raccrocher par exemple. L’efficacité affichée de la manipulation devra bien sûr être validée par des tests grandeur nature.
« Un fantasme à la Star Trek »
« Cet AI Pin se révèle être un objet très bien marketé et un peu gadget, estime Axel Cypel, expert en intelligence artificielle et auteur du livre Voyage au bout de l’IA (Éditions De Boeck Supérieur, octobre 2023). Il réalise toutefois une prouesse de miniaturisation et d’intégration technique, le tout dans un design parfaitement maîtrisé. Son caractère IA affiché jusque dans son nom est la promesse d’un fantasme à la Star Trek, celle d’une intelligence artificielle omnisciente et disponible instantanément. Mais ce badge ne propose, finalement, qu’une combinaison de plusieurs briques faisant appel à l’IA, astucieusement réalisée et surtout miniaturisée. Pas de différence fondamentale d’un point de vue fonctionnel avec ce que font déjà nos smartphones. Il est dit que ses concepteurs souhaitent combattre l’addiction aux écrans… Ce combat se mène-t-il en la remplaçant par une autre ? »
Rien de révolutionnaire donc, malgré la promesse d’une intelligence sachant s’adapter et même anticiper les besoins de l’utilisateur. Comme quand ce dernier demande « fais-moi un brief » et que l’appareil ne lui sélectionne que les messages importants pour sa vie personnelle et professionnelle parmi tous ceux reçus.
« Le même sort que les lunettes connectées de Google »
Stéphane Roder, PDG du cabinet de conseils AI Builders et auteur du « Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise » (éditions Eyrolles) est encore plus sceptique sur l’utilité du boîtier et ne mâche pas ses mots : « J’ai cru à un gag, voire à un poisson d’avril en regardant cette vidéo qui m’a fait davantage penser à une séquence de téléachat avec ses trois dernières minutes axées uniquement sur les accessoires non indispensables que l’on peut acquérir en plus de l’appareil. »
« Le seul intérêt de l’engin, poursuit le spécialiste, est sa capacité à filmer tout ce que l’on mange, l’analyser pour en faire une synthèse quotidienne du nombre de calories ingérées. Au-delà de ça, je ne vois pas du tout comment cet objet pourra faire un tabac et je lui réserve malheureusement le même sort que les lunettes connectées que Google il y a quelques années. À 700 dollars, le joujou n’est pas destiné à séduire le grand public. »
Prudente, la société Hu.ma.ne, qui espère un destin du type Apple Watch plutôt que Google Glasses, a prévu de n’en écouler que 100 000 unités dans un premier temps, et d’abord sur le seul marché américain.
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